Les vestiges archéologiques
Les premières traces de l’occupation humaine à Quéven remontent au Néolithique, période caractérisée par les débuts de la sédentarisation, de l’agriculture et de l’élevage. Le patrimoine archéologique est essentiellement funéraire et se manifeste par trois monuments mégalithiques, seuls rescapés d’un ensemble autrefois plus riche :
Le tumulus de Kerroc’h
Classé au titre des Monuments Historiques, ce tumulus est situé à l’entrée du golf de Val Quéven.
Les deux chambres de ce cairn furent fouillées en 1904 par le Commandant Le Pontois épaulé par la population locale et quelques amis. Les fouilles permirent de confirmer la vocation du site : ossements, silex, haches polies et poteries furent mis à jour. Mais ces travaux firent disparaître le tertre qui recouvrait l’ensemble (aujourd’hui restauré). Baptisé « le trou des chouans », le site fut réutilisé durant l’épisode révolutionnaire. Il le fut en tout cas à l’époque suivant le Néolithique à l’âge de Bronze. Vers le milieu du XIXe siècle, on découvrit non loin de là, sous un énorme bloc rocheux une sépulture de cette époque.
Le dolmen de Kerscant, dit du Triono
Site sur terrain privé.
Ce second dolmen, non fouillé, se situe près du village de Kerscant. Des photographies prises en 1904 ont permis de comparer son évolution jusqu’à aujourd’hui.
Le menhir de Kerdehoret
Ce menhir se dresse à l’entrée du village. On ignore si celui-ci faisait partie d’un ensemble ou était isolé. De nos jours encore, circulent en plus des hypothèses des chercheurs toutes sortes de légendes et histoires…
Le patrimoine bâti
Fermes, puits, fontaines, maisons individuelles ou manoir… Découvrez ce patrimoine souvent oublié qui couvrent un période s’étalant de la fin du XVe siècle aux années 1930. La majorité des constructions datent du XIXe siècle, époque où la commune voit sa population s’agrandir.
Manoir de Kerlébert
La partie la plus ancienne date du XVIIe siècle.
Une maison datant de 1494
Le village de Kerlaran abrite une maison dont le linteau porte cette date en inscription gothique. On continue de s’interroger sur la pertinence de cette date. Le plan montre plusieurs remaniements ; à l’origine, la pièce liée au logement se situe à l’étage ce qui constitue une preuve indéniable de l’aisance du premier propriétaire. Cette situation à l’étage introduit une hiérarchie sociale. La bâtisse offre des portes à accolade, des fenêtres à meneaux, de curieuses inscriptions. Un second bâtiment contigu date du XVIIIe siècle.
Kercadoret (maison de 1589)
Non loin du Scorff et de la chapelle de Notre-Dame de Bon Secours, le village possède une superbe maison datant du XVIe siècle. Son plan suscite des interrogations : s’agit-il d’un manoir ou d’un bâtiment à fonction hospitalière ? Les archives et la présence d’une bouche à feu (destinée à recevoir le canon d’une arme à feu) nous suggèrent que cette maison devait être un manoir.
Kergalant Brazh (maison rurale du XVIIe)
A proximité du parc de Kerzec, cette habitation datant du XVIIe siècle, se compose d’un logis en rez-de-chaussée uniquement, d’une porte unique et d’une ouverture unique. Il ne faut pas oublier en effet que le bois de chauffage était encore un luxe et qu’il fallait donc faire des économies d’énergie, et enfin, que l’on payait un impôt sur le nombre d’ouvertures.
Kervégant (maison de notable du XVIe à nos jours)
Construite au XVIe siècle par une famille noble dont on peut voir encore le blason, elle abrita successivement plusieurs hommes influents en la paroisse et en la commune : nobles, hommes du clergé, premier maire de Quéven et autres dignitaires… La tradition orale rapporte que Brizeux y séjourna, accueilli par la famille Le Brazh. Le poète écrivit d’ailleurs une élégie en l’honneur d’un des représentants de la famille où il décrit les rives du Scorff, les coteaux environnants et la commune.
Puits et de fontaines
Chaque village dispose au minimum d’un puits dont un modèle semble récurrent, on ne compte que quelques exceptions : l’un est surmonté de petits boulets (les boulets représentent le nombre de famille qui se servent du puits), le deuxième présente masque et Golgotha, le troisième offre une base rappelant l’architecture du Moyen-Age…
La commune compte un nombre important de fontaines et de lavoirs. Ils datent pour la plupart du XIXe siècle, époque qui scelle le début d’une véritable politique en matière d’hygiène et dans les mœurs.
Patrimoine militaire
Les poudrières du Scorff
En bordure de Scorff, on trouve deux poudrières datées du dernier quart du XIXe siècle. Construites pour servir d’annexes à celle de Tréfaven (ancien château du XIIIe siècle et reconverti en poudrière par l’armée française), elles offrent en dépit des remaniements de l’occupant allemand des motifs multiples et nombreux. A ces poudrières s’ajoutent les maisons de gardiens…
Les blockhaus
Les blockhaus offrent un intérêt particulier. La batterie de Moustoir Flamm avec ses encuvements de 105 mm permirent aux Allemands de stopper l’avancée des troupes américaines et FFI. Ailleurs, à Kergavalan, une seconde structure présente une fresque comportant en plus des objectifs de tir (mairie, église et maison du maire de l’époque) leurs degrés exacts.
Le patrimoine religieux
L’église paroissiale et son calvaire
Les premières traces de cette église remontent à 1676, date à laquelle elle fut agrandie. La paroisse de Quéven est à l’origine constituée de deux entités à savoir la paroisse de Bihoué et de Quéven, rattachée probablement à la fin du XVe siècle. L’une et l’autre sont mentionnées respectivement en 1380 et 1382. Dans tous les cas, on peut supposer qu’il existait pour chacune une église. Dans le cas de l’église paroissiale, placée sous les patronages de saint Pierre et saint Paul, les premières traces ne remontent qu’en 1676, époque à laquelle elle fut agrandie. Au XIXe siècle, l’église connaît de multiples restaurations ayant son clocher tantôt à l’Est tantôt à l’Ouest… Lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle fut bombardée et le clocher dynamité. Elle sera reconstruite selon les plans de l’architecte Caubert de Cléry. Le calvaire du XVIIe siècle serait l’oeuvre de Roland Doré à qui l’on doit de magnifiques enclos et calvaires du Finistère…
Son mobilier se compose de nombreuses statues et ornements. Parmi elles, citons une Sainte- Anne Trinitaire de la deuxième moitié du XVe siècle, une Vierge à l’Enfant du XVIIIe et des bénitiers du XVIIe siècles. L’orfèvrerie est autrement plus riche et se compose de calices et patène allant du XVIIe au XIXe siècles. Aujourd’hui, elle conserve en outre une riche collection de statues provenant d’une ancienne chapelle quévenoise.
La chapelle Saint-Nicodème (XVIe siècle)
Datée du XVIe (1578), la chapelle offre un plan rectangulaire et atteint 16 mètres sur 8. Elle a été restaurée aux XVIIIe, XIXe et en 1978. Elle abrite une clôture de chœur (inscrite) et un autel du XVIIIe siècle. Des statues polychromes datant du XVIIIe siècle ornent l’édifice. Elle présente également une statue de Notre-Dame de la Rosée (Vierge à l’Enfant) du XVIe siècle, une statue représentant probablement Saint-Nicodème (XVIIIe siècle) et plusieurs autres statues du siècle suivant : Saint-Isidore, Sainte-Barbe et Saint-Joachim.
On trouve aux abords de la chapelle une fontaine dédiée à Notre-Dame de la Rosée portant l’inscription 1898 (époque où elle fut restaurée), une croix sur tertre du début XXe siècle et plus loin une autre fontaine dédiée à saint Nicodème.
La chapelle de Bon Secours
Placée sous la dépendance de la seigneurie locale de Kerrousseau, la chapelle, reconstruite dans les années 1950, conserve un mobilier datant essentiellement du XIXe siècle, notamment un ex-voto marin (tableau) daté de 1830 et réalisé par Cosson-fils de Vannes. On peut y voir la Vierge secourant des marins en plein naufrage dans une mer déchaînée. La chapelle est également ornée de statues représentant L’éducation de la Vierge, La Vierge à l’Enfant et Saint Jean-Baptiste.
La chapelle de la Trinité
L’édifice bâti au XVIe siècle, de style gothique avant sa destruction, comportait de nombreuses œuvres dont certaines nous sont parvenues malgré les aléas de l’histoire. La richesse et le nombre des statues s’expliquent par le fait que la chapelle était placée sous le contrôle d’une abbaye royale. Deux hommes sont à l’origine du sauvetage de ce mobilier : Pierre Thomas-Lacroix (conservateur des antiquités et des objets d’art) et René Guillaume (architecte des monuments historiques) décidèrent judicieusement de déplacer le mobilier en des lieux plus sûrs en septembre 1942. La chapelle est en effet située non loin de la base militaire et aérienne de Lann-Bihoué. Suite à la destruction de celle-ci, les œuvres sauvées sont conservées à Vannes et ne réintègrent Quéven que 60 ans plus tard. Cette histoire a fait l’objet d’une exposition intitulée » A la recherche des oeuvres perdues » organisée par les services du Patrimoine du Conseil Général à l’origine de la restitution. La commune s’enorgueillit désormais de compter au titre de son patrimoine plusieurs groupes, tantôt en bois polychrome, tantôt en calcaire.